Poésis
danses et chansons françaises

Poésis
Point de départ

L’étymologie du mot « poésie » est déjà une interprétation du fait poétique : poiêsis pour les Grecs signifie « création », du verbe poiein (« faire », « créer »). Le poète, qui s’est appelé d’abord l’« aède », le chanteur, est considéré comme le créateur, l’artiste par excellence, car il invente en même temps le langage, avec ses figures et son rythme, et l’objet du langage, que doit conserver l’architecture du poème.

C’est par ce prisme que nous souhaitons créer la pièce chorégraphique Les Aèdes #1 première phase d’un projet global «POESIS» qui sera notre fil conducteur sur les 2 prochaines saisons. La poésie, le poème sont « l’œil du cœur, le cœur de l’esprit » expression de Ferlinghetti. Bien que la poésie réapparaisse de plus en plus grâce au Slam, au renouveau de joutes rimées improvisées telles qu’à l’époque des Troubadours, la poésie est encore tenue à l’écart. En dehors des passionnés et des spécialistes, bien peu de personnes seraient capables de mentionner les noms de poètes d’expression française d’aujourd’hui dans l’hexagone et encore moins hors de l’hexagone francophone.

Or ma passion pour les mots ainsi que mon désir artistique me permettent aujourd’hui d’expérimenter une confrontation entre le geste, la poésie et le son dans un même espace-temps et de constater l’effet que cela a sur notre imaginaire, sur nos représentations.

Comment le verbe nous déplace ?
La lecture m’a libéré de mes blessures, de mes angoisses, de mes peurs. Elle nous « aide à apprivoiser la nuit qui est en soi (…) à voir plus loin dans la nuit ». (Jean-Pierre Siméon) Aussi, les mots m’ont permis de m’émanciper et je souhaiterai que ce projet artistique soit l’occasion de discuter du pouvoir libérateur, émancipateur et guérisseur des mots, portés par le geste conscient. J’envisage aussi de faire découvrir des auteurs de grands talents, oubliés, ignorés, mis en périphérie et pourtant porteurs de paroles libératrices pour l’être humain.

« On ne peut aimer la poésie que si on aime être étonné, dérangé, déconcerté »
Jean-Pierre Siméon

Pour cette création l’idée sera de convoquer à nouveau l’imaginaire populaire à partir des textes partagés par le plus grand nombre d’abord par le biais de textes de chanson d’expression française (de 1930 à 1980) dans Les Aèdes#1 puis déplacer peu à peu le curseur vers les années 90 avec Les Aèdes#2 et de confronter le mouvement aux mots.

Nos imaginaires semblent bridés faute de mots, d’espaces, de silences. Comment retrouver notre force créatrice en nous réappropriant le pouvoir de la parole, des mots ? Comment retrouver notre capacité à nous relier en profondeur les uns aux autres, grâce à notre aptitude à mettre des mots (subjectif) sur nos vibrations intérieures ?

Les 2 phases avec les créations chorégraphiques Les Aèdes#1 et Les Aèdes #2 nous permettront de convoquer à nouveau l’imaginaire populaire à partir des textes partagés par le plus grand nombre et aussi reconquérir un public qui déserte les scènes contemporaines à partir d’un médium commun partagé, comme l’ont imaginé et fait Pina Baush, Maurice Béjart, Alvin Ailey ou Raymund Hohgde..

Notre fil conducteur nous conduira vers « POIEIN » une pièce chorégraphique où l’espace des mots (slamés, rappés, chantés, lus) sera occupé par des artistes confirmés (rappeurs, chanteurs, slameurs et poètes, nous pensons à l’artiste ROCE avec qui nous avons déjà collaboré) pour cette lecture qui nécessite des techniques de respiration, de diction, d’élocution.
Nous souhaitons une scénographie épurée, sans images, vidéos, ni photos, ni écrans, et nous privilégierons une esthétique zen, avec un minimum d’objets symboliques qui permettront au corps et à l’imaginaire de se déployer dans le temps, dans le silence, l’espace et l’imaginaire du spectateur : l’expérience recherchée sera une fusion des sens.

Directeur artistique, Chorégraphie, Danseur/interprète, James Carlès
Artiste invité Adrien Ouaki
Spécial remerciements Conseil départemental de Toulouse, Grainerie, Théâtre des Mazades